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Section sous la responsabilité de
Christina Contandriopoulos
Suzanne Paquet
Nans Bortuzzo, Microcosme social (2018-2019)  
Impression numérique sur papier archive | 114 x 114 cm  
Image numérique | 1920 × 1807 px  

Nos informations personnelles sont aujourd’hui disséminées sur Internet et dans des banques de données. Selon les sociologues Antonio Caselli et Paola Tubaro, la notion même de vie privée s’en trouverait modifiée : elle aurait cessé d’être un droit individuel pour devenir « l’objet d’une négociation collective » (2018). Par ailleurs, avec les réseaux sociaux, ces informations incluent des renseignements sur nos interactions sociales et engagent ainsi des tiers. Ces interactions entre individus et organisations peuvent être visualisées, collectées et archivées sous forme de données témoignant d’activités passées. Notre vie privée est encastrée dans un tissu social, et désormais « il n’y a rien de plus collectif qu’une donnée personnelle » (Casilli, 2018).

L’œuvre Microcosme social (2018-2019) cartographie les liens d’affinité sur les réseaux sociaux des 72 centres d’artistes autogérés du Québec. Elle se compose de 87 011 liens unissant 3 775 organismes et artistes. Cette visualisation sous forme de structure en réseau nodale est organisée en fonction des interactions observées entre les acteurs : les pages aimées, la fréquence des publications et le nombre de fois où une organisation est mentionnée par les autres. Des algorithmes scientifiques de visualisation de données permettent de révéler des motifs autrement cachés : les organismes les plus importants, avec le plus de connexions, sont noyés au milieu de la structure, tandis qu’en périphérie des motifs rassemblent des acteurs moins connectés, leur donnant ainsi davantage de visibilité. Les liens tissent des trames qui créent une chronique visuelle et narrative nécessitant un réel effort d’interprétation de la part du spectateur. Ce travail d’investigation artistique contribue à cartographier un terrain social réunissant institutions, organisations, entreprises et artistes. Sans dessiner un territoire géographique, cette représentation s’apparente à un nouveau type de topographie qui, à l’image du rhizome, puise sa signification dans des considérations plus abstraites et philosophiques (Casemajor-Loustau, 2013).

Pour citer

BORTUZZO, Nans. 2020. « Microcosme social », Captures, vol. 5, no 1 (mai), section contrepoints « Projections ». En ligne : revuecaptures.org/node/4517