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Section sous la responsabilité de
Jeremy Hamers
Lison Jousten
Frédéric Monvoisin
Dick Tomasovic

Le projet de Marine Theunissen et Raph Dely, à l’origine chorégraphique, porte sur le grand fiasco humain et écologique contemporain que constituent la montée des eaux et l’effacement du territoire qui en résulte. Durant quatre mois, les artistes sillonnent l’Europe (Italie, Belgique, Norvège, Grande-Bretagne) pour étudier et documenter (par des enregistrements sonores, des photographies, des vidéos ou des vidéo-portraits) les stratégies d’ingénierie développées par les gouvernements ainsi que les imaginaires des habitant·e·s sur les possibles adaptations de l’humanité face à l’envahissement de l’élément aquatique. Lors d’une résidence à The Grange Projects dans le Norfolk, les deux artistes pensent travailler sur l’ébauche d’un dispositif scénique impliquant de l’eau, mais iels manquent de matériel et finissent par découvrir une salle dédiée à la sérigraphie. Le collectif LABORARE décide alors de créer des cartographies affichant les nouvelles frontières potentielles des pays qu’iels ont parcourus. À partir d’un outil informatique de simulation de montée des eaux, Marine Theunissen et Raph Dely se lancent dans la création de cartes territoriales qu’iels projettent au mur et dont iels tracent minutieusement les contours à l’aide d’un matériau bancal (du papier collant). Deux erreurs surviennent dans leurs essais sérigraphiques, technique qu’iels découvrent : un pochoir monté à l’envers, et un autre qui s’autodétruit au fur et à mesure des impressions et dont la durée d’utilisation est totalement aléatoire. Ces deux accidents deviennent in fine la matrice de tout un processus créatif qui sera repris de série en série. Ces séries, qui embrassent la part de chaos du processus créatif et de l’effet d’emballement dans les images (la disparition tarde d’abord, avant de connaître une accélération, tout comme ce que l’on observe de la crise climatique), génèrent des fictions projetées de la catastrophe actuelle et à venir en jouant sur les imaginaires picturaux et collectifs que représentent les tracés des frontières.

Pour citer

JOUSTEN, Lison. 2024. « Du mauvais usage de la sérigraphie », Captures, vol. 9, no 1 (mai), section contrepoints « Syncopes ». En ligne : revuecaptures.org/node/7592/