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Section sous la responsabilité de
Vincent Lavoie

New Portraits (2015) est l’oeuvre la plus récente de l’artiste américain Richard Prince, connu depuis 1975 pour ses travaux de « rephotographie ». Fidèle à ce protocole de création consistant à reprendre à son propre compte des images produites par autrui, Prince puise cette fois son iconographie dans un nouveau type de répertoire visuel, Instagram. Ce service de partage lui fournit la matière première — en l’occurrence des selfies — de ses New Portraits. Par l’intermédiaire de son propre compte Instagram, Prince réalise des captures d’écran qu’il thésaurise ensuite dans son téléphone portable. C’est ainsi qu’il s’est constitué une véritable banque d’images réunissant des portraits d’inconnus dont la très grande majorité n’a jamais été informée des intentions de l’artiste et dont le réemploi artistique de ses images n’a fait l’objet d’aucune demande d’autorisation, conformément aux préceptes défendus par les apôtres de la « culture » du partage. Mais l’intervention de l’artiste ne s’arrête pas là. De ces captures d’écran, Prince réalise des agrandissements imprimés sur toile qu’il expose et vend à fort prix. Les œuvres en question montrent en outre que Prince a commenté les portraits repris sous la forme de courtes phrases humoristiques ou sibyllines, comme en témoigne la présence au bas de ceux-ci de ses coordonnées d’utilisateur, richardprince1234 — véritable signature scellant l’acte d’appropriation. Ultime reprise d’images personnelles de toute manière conçues et mises en ligne afin d’être retwittées, relikées et redistribuées sur la Toile, les New Portraits de Prince prolongent et parachèvent en une forme magnifiée cette logique de l’exposition exacerbée de soi.

Pour citer

LEGAULT, Sara. 2016. « New Portraits », Captures, vol. 1, no 1 (mai), section contrepoints « Post-photographie? ». En ligne : revuecaptures.org/node/373