En 1994, dans le Palais de justice de Bruxelles, l’avocat Michel Graindorge renverse délibérément le buste d’Edmond Picard (1836-1924). Raison invoquée : l’homme était un antisémite notoire, un « salaud ». Graindorge, qui publie la même année un livre à charge contre Picard, sera condamné pour son geste; la peine se verra ensuite suspendue; la statue, quelques années plus tard, retrouvera sa place parmi les figures qui ont marqué la vie juridique belge.
Nous lisions, allongés côte à côte dans le lit. Nous lisions tous deux le cycle romanesque de Karl Ove Knausgård. Nous l’avions commencé en même temps, nous le lisions en parallèle ; parfois, elle posait son livre et se tournait vers moi; tu as lu ça? me demandait-elle? Comment peut-il avoir le courage, c’est incroyable, il doit être fou disait-elle.
Puis, nous continuions notre lecture.
Jusqu’au moment où je posais mon livre et metournais vers elle; tu as lu ça? lui demandais-je.
En 1998, Dominique Viart publiait son désormais canonique article consacré à la littérature contemporaine dans lequel il observait le renouveau d’un goût pour le réel chez les romanciers contemporains, mais également leur attachement particulier aux récits de vie.
Elle qui ne se voit pas on la voit ainsi, dans les autres. C’est là la toute-puissance de cette matière dont elle est faite, sans port d’attache singulier. Marguerite Duras1.
Je ne doute pas d’ailleurs que mon histoire ne porte en sa coordination même la preuve intime de l’exactitude des événements qui la composent. Mary W. Shelley1.