Je me suis réveillé, souriant. En rêve, un grand périple rapiéçait mes voyages en Autochtonie. J’avais circulé dans les territoires artistiques d’Europe, d’Afrique, d’Amérique et d’Asie. J’ai froncé les sourcils en regardant ma bibliothèque. Existerait-il une définition amérindienne, théorique ou opératoire, du concept d’autochtonie? Y aurait-il une vision qui donnerait un sens de l’imaginaire des Premiers Peuples, Métis et Inuits conciliant traditionalisme et hypermodernité?
En postface du recueil Bâtons à message. Tshissinuatshitakana de Joséphine Bacon, Laure Morali, rapportant et remédiatisant les paroles de la poète innu, écrit :
Dans Être écrivain amérindien au Québec. Indianité et création littéraire (2006), Maurizio Gatti décrit de manière éloquente les enjeux auxquels sont confrontés les auteurs autochtones dès lors qu’ils entreprennent d’investir, à partir des années 70, la scène littéraire québécoise. Comment peut-on se réapproprier une parole déformée, détournée puis confisquée par le colonisateur? Comment exprimer sa différence dans la langue et les médiums culturels de l’Autre?
La photographie peut constituer un champ d’étude particulièrement fructueux pour nous aider à appréhender divers aspects de l’autochtonie dans le contexte de l’Amérique du Nord. Considérant qu’elle a indéniablement contribué à construire ce que Daniel Francis appelle l’« Indien imaginaire » (1992), nous explorerons la façon dont les photographes autochtones ont investi le médium en vue de contrer des représentations historiques essentialisantes et homogénéisantes, et insuffler à l’image photographique leurs visions du monde et leurs propres expériences de l’autochtonie.
Pour qui s’intéresse à la notion d’autochtonie dans le champ des arts visuels, l’artiste anishnabé (Première Nation de M’Chigeeng) Carl Beam (1943-2005) est incontournable.