La littérature a horreur des complices. Penser l’expérience de lecture en ces termes permet d’entrevoir certains effets de mise à distance que génère un pan de la littérature narrative des XXe et XXIe siècles tenu en suspicion. Ce parti pris d’émancipation grâce auquel le texte s’autonomise et le récit se complexifie jusqu’à dissimuler, étouffer, voire anéantir sa propre mécanique, pousse aussi à contester certains ressorts de la fiction : y a-t-il, en fin de compte, dans la « feintise ludique » (Schaeffer, 1999), un partage honnête entre l’auteur et le lecteur?
L’étude d’œuvres cinématographiques par des historiens de métier offre la possibilité de comparer la manière dont les chercheurs écrivent sur le passé avec la façon dont lesfilms historiques le représentent (Rosenstone, 1988; de Baecque, 1998). Les historiens qui travaillent avec des images en mouvement s’instituent alors enexperts qui jugent du haut de leur magistère des productions relevant de la culture populaire.
[J]’ai découvert dans ce livre […] un piège qui se referme silencieusement sur son lecteur insouciant qui ne saura peut-être même pas qu’il a été piégé, tel est l’art de l’écrivaine1.